De prime abord, vous pourriez penser qu’il ne s’est pas passé grand-chose au cours du dernier trimestre au sein de nos portefeuilles. Or, c’est peut-être parce que nos portefeuilles ont bien résisté que rien ne vous a interpellé. Ces apparences cachent néanmoins des développements qui pourraient avoir des implications majeures et contre lesquels nous devons nous prémunir.
Outre les tensions géopolitiques qui ne faiblissent pas, notre plus grande préoccupation concerne l’effet induit par la forte hausse des taux d’intérêt. Il n’y a là rien de nouveau, penserez-vous, et vous n’avez pas tort. Après tout, les taux d’intérêt augmentent depuis près de deux ans. La BCE et la FED ont ainsi à nouveau relevé leurs taux d’intérêt. La FED, la banque centrale américaine, a porté ses taux d’intérêt à 5,5 %, tandis que la BCE les a portés à 4 %. Par conséquent, les taux d’intérêt sur les marchés obligataires sont également repartis à la hausse. Concernant ceux-ci, vous connaissez les deux principaux « taux sans risque » : les taux auxquels l’État américain et l’État allemand se financent sur des échéances de 10 ans. Ces taux d’intérêt à 10 ans de l’État américain s’élèvent déjà à environ 4,6 %, et ceux de l’Allemagne sont désormais proches de 3 %. Il s’agit là des taux d’intérêt les plus élevés de ces 20 dernières années : les plus élevés depuis la création de l’euro.
En attendant, nous nous retrouvons dans une situation schizophrénique où nos gouvernements se livrent à des « dépenses déficitaires », c’est-à-dire qu’ils dépensent beaucoup plus qu’ils n’encaissent. Cela se produit dans un contexte de transition climatique très coûteuse, d’investissements dans la défense et de dépenses croissantes pour une population vieillissante. De ce fait, les dettes publiques continuent d’augmenter. La politique monétaire et la politique budgétaire s’opposent ainsi l’une à l’autre. La politique budgétaire expansionniste à la « Big Brother » ne peut que conduire à davantage d’inflation et de dévaluation. Or, l’inflation est précisément ce que la politique monétaire tente de combattre par l’augmentation des taux d’intérêt. Outre l’incompatibilité de la politique budgétaire, cette situation difficile se retrouve aggravée par le fait que les banques centrales n’ont qu’une influence limitée sur l’inflation : les prix des matières premières, par exemple, ne peuvent pas être influencés directement.
Les banques centrales ne peuvent pas non plus résoudre les tensions sur le marché du travail. De plus, l’augmentation du coût des crédits a pour effet de renchérir d’autres choses, comme les loyers.
Alors, que faire de votre patrimoine dans un contexte aussi chaotique ?
Tout d’abord, nous devons vous protéger contre l’inflation. À cet égard, notre stratégie ne change pas : nous nous en tenons à une combinaison d’obligations indexées sur l’inflation et d’actions d’entreprise possédant un fort pouvoir de fixation des prix.
Cependant, il est clair que les effets du choc des taux d’intérêt continuent à se faire sentir : les gouvernements et les entreprises doivent se refinancer à un coût beaucoup plus élevé. Une grande prudence et une extrême sélectivité s’imposent donc. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la grande importance que nous attachons à la solidité des entreprises dans lesquelles nous investissons en votre nom. La plupart de ces entreprises sont peu endettées et celles qui ont des dettes se sont financées en émettant des obligations à longue échéance, ce qui les protège de la hausse des taux d’intérêt pour les prochaines années.
En résumé, notre stratégie d’investissement repose aujourd’hui sur deux piliers principaux.
En premier lieu, nous cherchons à nous protéger contre l’inflation.
Aujourd’hui, cela doit s’accompagner d’une très grande sélectivité. Chaque obligation, chaque action est examinée à la loupe avant que nous n’y investissions votre argent. Il ne fait aucun doute que nous traversons une période houleuse. Cependant, la première bonne nouvelle, c’est que les obligations, grâce à des taux d’intérêt nettement plus élevés, offriront à nouveau de beaux rendements futurs pour la première fois depuis 20 ans. La deuxième bonne nouvelle est que nos entreprises sont en bonne santé. De nombreuses opportunités s’offrent encore à elles, et ce d’autant plus dans ces circonstances difficiles. Comme toujours, nous sommes prêts à tirer activement profit des occasions et des chances qui se présenteront dans les mois et les années à venir. Pour ce faire, nous nous appuyons sur un processus d’investissement cohérent. C’est la boussole bien connue grâce à laquelle nous naviguons depuis plus de 30 ans !